Fourberie et trahison


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Fourberie et trahison, comment qualifier autrement l’action d’un Président élu par une Gauche humaniste et sociale, qui cautionne une politique de droite ultralibérale? Ce qui est désigné comme tromperie en publicité pour des biens de consommation est une trahison en politique quand il s’agit des valeurs.

Fourberie pour la Primaire et trahison des valeurs

Après avoir accédé à la fonction suprême à la tête de l’État, le Président n’a de cesse de trahir les travailleurs salariés au profit des organisations patronales, des grandes entreprises et de leurs actionnaires. Les citoyens ordinaires assistent au détricotage du système de protection sociale. Les indemnités des chômeurs sont remises en causes. Les contrôles sur les demandeurs d’emplois soupçonnés de ne pas mettre assez de cœur à l’ouvrage dans leurs recherches sont renforcés. Le Gouvernement a enfourché le cheval de bataille de la droite la plus réactionnaire pour laquelle le chômeur est d’abord un fainéant qui profite du système. Toutes les astuces sont bonnes pour bidouiller le nombre des chômeurs par des radiations abusives sur les listes de l’ANPE. Par contre, les entreprises bénéficient de la mise en place du crédit d’impôt compétitivité (CICE), de l’octroi d’un pactole de 41 milliards d’euros dans un fumeux « pacte de responsabilité » et de l’autorisation du travail le dimanche, en attendant plus.

Un Gouvernement sous influence

Sur proposition du patronat, le Gouvernement est à l’œuvre pour faire passer de nouvelles lois défavorables aux salariés et aux contribuables. Aujourd’hui, à l’occasion d’une modification du droit du travail, le gouvernement prend les dispositions pour plafonner les indemnités que l’entreprise doit verser au salarié en cas de licenciement abusif. Une autre disposition permettrait à l’entreprise de court-circuiter les syndicats en consultant directement, par référendum, les travailleurs sous la menace d’un licenciement collectif en vue d’obtenir une baisse des salaires. La diminution de la protection des salariés est synonyme de durcissement des relations au travail avec les conséquences dramatiques sur la qualité du travail et la santé des salariés (impact sur la productivité, malfaçons, stress,  burn out, accidents, suicides).

L’OCDE a reconnu qu’aucune étude sérieuse n’a jamais démontré le lien entre le chômage et le droit du travail. Contrairement au lobby patronal français, qui crie haro sur la durée légale du travail, la Suède expérimente la semaine de trente-six heures pour augmenter la productivité de ses entreprises en augmentant le bien-être de ses travailleurs.

Au ministère du travail, l’ambiance n’est pas à la fête. Myriam El Kohmri est tiraillée entre ses convictions politiques et l’idéologie libérale de Matignon. Son conseiller Pierre Jacquemain claque la porte du ministère en clamant que la réforme, dans sa rédaction actuelle, déshonore la Gauche pour servir les intérêts économiques de quelques privilégiés. Pour lui, l’actuelle Réforme du droit du travail, quel que soit le nom sous lequel on le dissimule, reste un texte droitier qui entraîne le monde du travail et le pays dans le mur.

Les entreprises devaient, jusqu’en 2012, respecter le droit du travail des humains. Le Président François Hollande a inversé la philosophie des textes en faisant adapter le Code du travail aux exigences de l’entreprise. Le gouvernement Valls a réussi à modifier près de 500 articles du Code du travail en trois ans. Chaque modification s’est faite au détriment des travailleurs pour satisfaire aux exigences du grand patronat. Selon l’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche, Avec les lois successives, on assiste à un retour de deux siècles en arrière, au temps des tâcherons, sans horaires, ni droit, ni loi. La « simplification » du Code du travail et les lois du gouvernement Valls, derrière les trompettes d’une révolution salutaire, ne représentent rien de moins que la fin de l’état de droit dans l’entreprise, remplacé par l’exigence sans freins des patrons des grandes entreprises et de leurs actionnaires. Trahis par la collusion entre les dirigeants politiques et le monde de l’argent, le monde du travail réduit à l’impuissance légale, n’aura d’autre alternative que de réactualiser les luttes sociales violentes pour retrouver un peu de considération dans l’entreprise.

Une autre trahison évitée de justesse !

Un projet de loi pour la reconquête de la biodiversité a été adopté à l’occasion d’un premier passage à l’Assemblée Nationale et au Sénat. En catimini, avant son examen en seconde lecture par la Commission du développement durable, le Gouvernement a déposé un amendement qui remet en cause le principe de « pollueur/payeur » et la jurisprudence qui reconnait le préjudice écologique établie après la catastrophe de l’Erika. Le naufrage du pétrolier qui transportait un sous-produit pétrolier cancérigène en provenance d’une raffinerie Total avait causé une véritable catastrophe écologique et souillé une grande partie du littoral de Vendée et de Bretagne. Si aucune voix n’avait donné l’alerte, le texte exonérait les entreprises des conséquences financières d’une catastrophe sanitaire ou environnementale, dans le cas où l’activité aurait obtenu une autorisation de l’État, ce qui est pratiquement le cas pour toute catastrophe industrielle. Dans ce cas, l’indemnisation des victimes et la réparation des dommages causés par des accidents industriels aux lourdes conséquences financières seraient laissés à la charge des contribuables qui de ce fait subiraient une double peine. Peut-être a-t-on aussi pensé à l’éventualité d’une catastrophe nucléaire, qu’EDF et Aréva seraient incapables d’assumer. Démasqué et déconfit, le Gouvernement a retiré in extremis son amendement.

Aujourd’hui, dans le brouillard politique français, rien ne distingue le Parti Les Républicains du Part socialiste aux commandes du Pays pour ce qui concerne l’attention portée aux travailleurs et le soin prodigué aux plus démunis. Seul le Parti d’extrême droite se distingue, avec son idéologie néo-nazie et un discours raciste ou xénophobe.

Souhaitons à la Gauche, de renouer avec ses valeurs en renouvelant son personnel politique et, de la même façon, à la Droite de ne pas enterrer définitivement les valeurs sociales du Gaullisme en adoptant les éléments de langage de l’extrême droite. A la fin de l’année 2016, le Président Hollande renonce à affronter une nouvelle fois l’électorat pour éviter une sortie peu glorieuse de l’Elysée à l’exemple de son prédécesseur. La victoire du très catholique Fillon à l’occasion des primaires « Les Républicains » laisse entrevoir un avenir peu réjouissant pour les plus défavorisés. Le programme affiché en cas de victoire à la présidentielle de 2017 annonce le détricotage du système de protection sociale et la prise en compte des aspirations de l’épiscopat dans la conduite de la politique intérieure de la France. Pour ce qui concerne la politique étrangère le candidat Fillon envisage un alignement sur les positions du Président Poutine et une remise en cause de l’autorité de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (C.E.D.H) .

Quand un gouvernement agit contre le peuple, il est légitime que le peuple se soulève. Le temps de la soumission et de l’indignation a ses limites,

Kan ar Peulvan vendredi 4 mars 2016

Dernière mise à jour le 2 décembre 2016