Les célébrations celtiques


Pommier

Les célébrations celtiques

Druides antiques et druides modernes

 

 « – L’homme sacerdotal doit être libre, autonome et agir au niveau de sa morale personnelle »

(Gwenc’hlan Le Scouëzec, au sujet du druide moderne.)

La source d’information principale concernant les druides de l’Antiquité nous est livrée par le Grec Posidonius (135 à 51 av. J.C.). Instruit de la philosophie des Stoïciens, des Pythagoriciens et d’Aristote, il a été le premier à s’intéresser aux Gaulois d’un point de vue ethnographique. Il s’est également appuyé sur des témoignages antérieurs et vraisemblablement sur ceux attribués à Pythagore et dont il ne reste plus trace aujourd’hui.

Pythagore, qui vécut de 580 à 500 avant notre ère, n’a pas laissé d’écrits exposant son œuvre. Cette dernière était suffisamment impressionnante pour faire l’objet d’une transmission et de transcriptions ultérieures. L’Histoire lui accorde un statut légendaire, associé aux courants mystiques du VIème siècle.  Il est cependant réputé avoir beaucoup participé, en Grèce, à la mutation d’une pensée religieuse vers une pensée rationnelle. Selon Théon de Smyrne, Pythagore serait parvenu à la conviction que, « les nombres sont pour ainsi dire le principe, la source et la racine de toute chose ».

Posidonius indique que les druides ne pratiquaient pas eux-mêmes les choses de la religion. Pour l’auteur grec et les philosophes de son époque, les dieux n’existaient pas sans les hommes. Ils étaient convaincus que les dieux avaient été conçus par les hommes pour organiser la vie en société. Cette conviction ne semble pas étrangère à l’intérêt que Posidonius portait aux druides et à leur influence sur la société gauloise.

S’appuyant sur les observations de Posidonius, Strabon, géographe grec de la fin du 1er siècle avant notre ère, nous donne une image de la répartition des fonctions spirituelles et religieuses chez les Gaulois.

« Chez tous les Gaulois, d’une façon générale, trois sortes d’hommes sont honorés d’une façon tout à fait exceptionnelle, ce sont les Bardes, les Vates et les Druides. Les Bardes sont les chantres du sacré et des poètes. Les Vates s’occupent des cérémonies religieuses et ont des connaissances dans les sciences de la nature. Les Druides sont également des connaisseurs de ces sciences mais ils pratiquent la philosophie morale. »

Selon les témoignages des observateurs de l’Antiquité, les druides gaulois étaient des sages et des philosophes mais n’étaient pas des prêtres. Leur occupation principale résidait dans  la justice et le règlement des conflits.

Les universitaires qui ont étudié la civilisation des Celtes en général, et les Gaulois en particulier, sont quasi unanimes pour affirmer que la filiation des druides de l’Antiquité s’est interrompue définitivement avec leur disparition sur le continent, au début de l’ère chrétienne. Ils ne manquent pas d’arguments pour étayer leurs conclusions. Le druide contemporain, qui ne se situe pas dans un contexte religieux, n’est pas concerné par une filiation mystique transmise par une longue chaîne humaine ininterrompue à travers le temps. Il considère, qu’indépendamment des indices concrets livrés par l’archéologie et l’histoire, l’esprit dans lequel druides anciens et druides modernes conçoivent leurs engagements dans la société de leurs temps est le même. Au-delà d’une religion disparue, dont les observateurs disent qu’elle n’était pas la préoccupation principale des druides, le fond philosophique de leur spiritualité subsiste. La pensée du druide moderne, comme pour ses anciens, est centrée sur l’humain avec la préoccupation de son bien-être et sur le respect de la nature. L’action du druide se situe au présent, avec le souci constant de la société et de son avenir. Le contexte moderne y ajoute la préoccupation d’un environnement naturel dégradé, dans la perspective des générations à venir. De ce point de vue, sur le fond, le terme de néo-druide n’a aucun sens pour introduire une différence spirituelle entre le druide de la Gaule antique et le druide contemporain, même si la forme a nécessairement évolué avec la société. Le druide s’est toujours positionné dans la modernité de son époque, ce qui dans la logique du terme en aurait fait un perpétuel « néo-druide », pour chaque génération successive, depuis l’époque la plus reculée.

Il existe de très nombreuses différences entre le druide de l’Antiquité et le druide moderne, tant pour la somme des connaissances acquises, que dans la forme des activités. Au-delà de la longue période qui sépare le druide moderne du druide de l’Antiquité, pour aussi ténu qu’il soit, le lien n’en reste pas moins important. Ce lien immatériel est constitué par une philosophie de vie et des valeurs qui les habitent tout au long d’une quête spirituelle sur la voie de la sagesse. Ainsi, sans méconnaître les conclusions des universitaires, aux yeux du druide moderne, non pas quelqu’un qui prétend posséder la sagesse, mais un homme qui s’efforce vers elle, le lien philosophique et spirituel, dans ce qu’il représente de noble au sens éthique et humain, justifie le titre qui l’associe au druide de l’Antiquité.

La priorité du druide moderne n’est pas de réinventer les rites d’une religion celtique disparue, qui ne sauraient qu’être désuets tant sur le fond que dans la forme. Il s’applique à perpétuer une pensée éclairée et intemporelle portée par le mouvement intellectuel que partageaient les druides gaulois de l’Antiquité. La fonction du druide, quelle que soit l’époque dans laquelle il se situe, trouve tout son sens quand il se met au service de ses contemporains.

 Cérémonies du calendrier celtique

 

Fêtes du calendrier celtique 1

détermination des célébrations celtiques dans le cycle annuel

 Le schéma représente une croix de quatre branches égales, appelée svastika en sanscrit, ce qui signifie « de bon augure ». Dans la symbolique hindoue, le svastika remplace parfois la roue. Solstices et équinoxes marquent le commencement de la période associée à la fête cardinale qui se situe environ quarante-cinq jours après.

Le calendrier celtique prenait en compte le cycle annuel du soleil pour les saisons et l’état de la lune, associée à la Déesse Mère, pour déterminer les dates des fêtes traditionnelles, en fonction des jours réputés favorables déterminés par son apparence dans le ciel.

Si l’on considère l’unité de temps traditionnelle, qui rythme les aventures des héros de la tradition d’Irlande, les célébrations du cycle de l’année des hommes auraient pu se tenir un mois et demi après l’équinoxe ou le solstice qui rythment la journée des dieux. La lune était un repère céleste pour la définition des jours fastes et néfastes. {Il en est toujours de même pour la détermination des fêtes du calendrier brahmanique, en fonction de la lune}.

Solstices et équinoxes marquaient la fin de la période attachée à la fête cardinale précédente et annonçaient la suivante.

Le rituel celtique moderne est conçu pour avoir du sens dans l’époque actuelle et pour l’ensemble de l’assistance. Les indications, données sur ce site, se situent dans un esprit indépendant du religieux. Panthéon, mythes, symboles et tentatives d’explications de la tradition des Celtes, qui inspirent les exemples de cérémonies citées, sont principalement tirés des travaux de plusieurs universitaires qui ont étudié la matière celtique dans les textes de la littérature orale des Celtes insulaires d’Irlande et du Pays de Galles.

La référence aux usages brahmaniques actuels, inspirés de la culture védique, peut aider à la compréhension d’anciennes pratiques cultuelles des Celtes compte tenu d’une idéologie tripartie que l’on retrouve dans les deux cultures traditionnelles.

Les fêtes familiales sont construites autour de symboles celtiques et de valeurs humaines universelles, sous une forme compatible avec notre époque.

Le fait le plus marquant dans la tradition celtique, à partir du concept indo-européen, est la solidarité cosmos/humains dans une « religion de la vérité ». Ce fait se traduit dans les récits mythologiques de la tradition celtique d’Irlande, par les aventures du héros, mi-humain mi-dieu, lancé dans une conquête de l’année. L’épopée amène le héros à côtoyer le dieu du ciel diurne de la saison claire et le dieu du ciel nocturne de la saison sombre. Dans son périple, le héros est amené à traverser la ténèbre hivernale, l’Autre Monde symbolisé par l’eau froide.

L’île, autre symbole de l’Autre Monde, séparée du monde des humains par l’eau ténébreuse, est le lieu initiatique par excellence. Le passage de l’eau, qui donne  parfois lieu à un combat sur le gué, symbolise le solstice. Le héros côtoie également la déesse de l’aurore porteuse de vérité, qui libère les eaux, dispense ses bienfaits et accorde la royauté. La déesse de l’aurore, symbole de la période intermédiaire associée aux équinoxes, marque l’équilibre entre la nuit et le jour et entre la période sombre et la période claire de l’année. La déesse de l’aurore porte le lointain souvenir de la Grande Déesse Créatrice née au Paléolithique.

La roue, symbole cosmique et solaire associé au cycle de l’année

Les Celtes considéraient le sixième jour de la lune, comme particulièrement sacré et porteur d’une force considérable. Le sixième jour de la lune était également le point de départ pour le décompte des mois, des années et des siècles. L’année celtique commencerait ainsi le soir du sixième jour de la nouvelle lune de Samain, dans la période comprise entre la fin octobre et le début de novembre.

{Dans l’hindouisme, les brahmanes nomment ce sixième jour de la lune « Mahâtithi », le Grand jour}

Roue solaire à 8 rayons (temple indou)

Roue à huit rayons sur la façade d’un temple hindou

 

Les fêtes du calendrier, symbolisées par les huit rayons d’une roue, marquaient les moments importants de l’activité humaine et d’une aventure eschatologique liés à l’année. Solstices et équinoxes, représentés par quatre rayons, formaient les deux axes d’une journée des dieux. Les quatre autres rayons représentaient les fêtes cardinales de l’année des humains. Certaines représentations de la roue ne comportent que six rayons. La roue est toujours présente dans quelques vieilles églises du continent européen. Nommées Roues de la fortune, elles étaient mises en mouvement par un jeu de cordes. Dans certaines églises bretonnes, le symbole de la roue est toujours présent, même si la signification initiale est oubliée. La roue avait une fonction augurale.

Dans les textes de la tradition des Celtes d’Irlande, les fêtes cardinales de l’année des humains se situaient :

– le 1er novembre pour Samain,

– le 1er février pour Imbolc,

– le 1er mai pour Belteine

– le 1er août pour Lugnasad.

Le 1er jour du mois dans le calendrier moderne, est différent de celui du calendrier luni-solaire des Celtes, dont les calendes se situaient au sixième jour de la nouvelle lune.

Taranis et roue à 6 rayons

Taranis et roue à six rayons

Le temps des dieux et le temps des hommes n’étaient pas au même niveau. Une année des humains correspondait à une journée des dieux.

Les fêtes celtiques modernes, par leur aptitude à créer une ambiance propice à la spiritualité, sont l’occasion de solliciter la conscience des participants en leur rappelant que leurs conditions de vie sont intimement liées à l’eau qui les désaltère, à la terre qui les nourrit et à l’air qu’ils respirent.

Les fêtes familiales sont des moments privilégiés durant lesquels, le souvenir des proches disparus participe à l’émotion collective. Les fêtes celtiques modernes sont des hymnes à la nature, à la vie et à l’amour.

Hypothèse sur un cycle mythologique

Nous ne possédons pas d’éléments suffisants pour définir une religion commune aux Celtes en général, ni même aux Gaulois en particulier. Par contre, l’archéologie nous apprend que les Celtes avaient une culture symboliste qui a laissé des vestiges importants de leur production artistique. L’interprétation de symboles, relevés en Europe sur des objets et vestiges de monuments mis au jour par l’archéologie, a conduit à envisager la trame d’une religion construite autour de la Grande Déesse Mère et de ses époux successifs, en fonction des changements de saison au cours du cycle de l’année. L’examen des découvertes archéologiques a ainsi permis d’émettre une hypothèse. Le rapprochement et l’interprétation d’éléments tels le chaudron de Gundestrup, le pilier des Nautes à Paris, la triade de Saintes et le pilier de Mavilly, ont permis d’envisager pour la Gaule un cycle mythologique qui commandait aux fêtes saisonnières. Le cycle reconstitué se déroule autour d’un personnage principal, la grande déesse-mère, qui épouse successivement et à des moments particuliers du cycle annuel, le dieu des forces « d’en haut » Taranis et le dieu de la terre Esus. Esus apparaîtrait sous forme humaine, époux printanier de la déesse-mère dans son aspect de jeune femme fertile, au moment de la montée de sève dans la nature. Le même dieu, cette fois moitié homme et moitié cerf, portant le nom de Cernunnos dieu du monde « d’en dessous », des morts et de la richesse, viendrait épouser la déesse sous son aspect de vieille femme, au moment où la nature se met au repos.

La richesse de l’éducation philosophique délivrée par les druides aux jeunes nobles et l’art symboliste des Celtes, laissent entrevoir une société évoluée, fortement imprégnée de spiritualité, mais pas nécessairement rassemblée autour d’une religion unique, peut-être à cause de la persistance de pratiques claniques célébrant différents dieux tutélaires.

Le constat amène à tenter de dégager, pour le druide moderne, une base idéologique de nature philosophique indépendante de la religion.

Gwyon mab Wrac’h