Liberté d’expression, racisme et intolérance.


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En France, la liberté d’expression se heurte au mur de la peur quand l’expression du racisme et de l’intolérance se banalise.

Après l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo le 11 janvier et le massacre du Bataclan le 13 novembre 2015, quelques commentateurs semblaient comprendre les motivations des assassins, révélant ainsi leur propre inhumanité et leur intolérance. Les assassins frapperont encore, encouragés par les commentaires des uns, la peur qu’ils inspirent aux autres, l’abandon des valeurs humanistes et le reniement de quelques grands principes fondateurs de la République. Ce n’est pas en rejoignant les assassins dans l’ignominie, à l’exemple de quelques personnalités politiques qui se contentent de fouiller la poubelle des idéologies nauséabondes  à la recherche de suffrages, que l’avenir sera plus rassurant.

Oubliant ce qui fait l’honneur du journalisme, de grands médias ont déjà abandonné le principe de liberté d’expression en s’imposant une autocensure de circonstance. Les élus de la République ne se montrent guère plus courageux ou inventifs, en se retranchant derrière un « état d’urgence » pour combattre quelques poignées de jeunes délinquants, une déchéance de nationalité de « portée symbolique forte » et une justice d’exception. La portée symbolique forte se mesure à la satisfaction exprimée par le Front National, mais le résultat le plus évident de ces dispositions est la désignation à la vindicte d’une frange d’excités, nostalgiques des « ratonnades », les fidèles de la religion musulmane dont les racines se nourrissent de l’Ancien Testament et du christianisme des Évangiles. Les dispositions de l’état d’urgence ont montré leur efficacité avec un taux de réussite de 1 pour 1000 pour les perquisitions dans le cadre de l’antiterrorisme, mais aussi une multiplication des gardes à vues abusives. Les cibles visées, mais non publiquement désignées, sont plus surement les mouvements écologistes contre les grands projets de travaux publics, aussi coûteux qu’inutiles sur le plan économique, mais générateurs d’un possible financement dissimulé pour les élections à venir. L’Aéroport Vinci Notre dame des Landes l’illustre de manière explicite.

L’honneur et le courage sont des notions qui se font rares en ces temps d’égoïsme, d’abandon des idéaux républicains, d’intolérance religieuse et de haine de l’autre avec ses différences. Sans honneur, quel peut être le sens d’une existence ! Le 1er mars 2016, les spécialistes de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (E.C.R.) on dénoncé la banalisation du racisme en France. Les élus des partis de Droite, d’Extrême Droite et parfois de Gauche en portent la responsabilité en mettant l’accent sur des bouc-émissaires musulmans,Roms, juifs et immigrés en provenance de pays en guerre, pour masquer leurs propres incapacités et parfois leurs impostures ou manque d’éthique. Par sa parole, le personnel politique français « travaille » l’opinion des administrés qui finissent par trouver une légitimité et une « normalité » à leurs instincts les plus bas. François Fillon l’a compris pour sa campagne des primaires de « Les Républicains » en se faisant le chantre des racines chrétiennes de la France et le champion d’une nouvelle guerre sainte contre les musulmans.

En Bretagne, une tradition d’accueil, de solidarité et de lutte contre l’iniquité.

La Bretagne, terre d’accueil depuis la nuit des temps, possède une très ancienne culture de courage et d’honneur. Cependant, devant le déchaînement de la rage raciste et xénophobe, encouragé par certains petits mouvements politiques, comme Pediga Bretagne, Adsav et le mouvement « Parti de France » de l’ex frontiste Carl Lang, qui militent contre l’immigration des musulmans sur une partition écrite par le Front National, la traditionnelle culture d’accueil des Bretons peine à s’exprimer dans une partie significative de la population révoltée par les attentats islamistes. Chacun a le droit d’exprimer ses opinions, aussi détestables soient-ils, mais les leaders politiques, faiseurs d’opinion, portent une lourde responsabilité dans les exactions commises contre les populations stigmatisées. Les Bretons qui défendent les valeurs traditionnelles d’humanisme , de solidarité et d’hospitalité, pour l’honneur de leur pays, se mobilisent peu à peu. Ainsi, à Quimper le 23 janvier 2016, une manifestation a réuni environ 150 militants d’Atsav contre l’accueil des réfugiés. Rapidement une contre manifestation a réuni le même jour environ 850 manifestants, antifascistes et défenseurs des droits de l’homme.

Sur le plan historique, les Bretons ont été spoliés de leur nationalité, mais ils ont entretenu la flamme de leur identité dans leur âme de granit. L’Éducation nationale a ignoré l’histoire de la Bretagne, comme elle a ignoré celle des anciennes colonies et des territoires d’Outre-mer. Les esprits ont été formatés par l’enseignement d’une Histoire de France fantasmée, écrite dans le creuset du pouvoir parisien. Cette Histoire aux épisodes romancés n’ont pas grand-chose à voir avec une vérité historique globalement moins gratifiante. Le fantasme de la patrie des Droits de l’Homme l’illustre on ne peut mieux. Si la France s’enorgueillit de la proclamation des Droits de l’Homme, elle ne s’est ensuite pas trop préoccupée de les respecter en toutes circonstances. Aujourd’hui, les Bretons doivent encore supporter la morgue des élites parisiennes et la suffisance des élus retranchés dans les palais de la capitale. Adeptes d’un jacobinisme intolérant, les politiciens inféodés tentent de corrompre l’âme bretonne. La fierté des Bretons s’est assoupie, au point que le Président Nicolas Sarkozy a pu dire « Je me fous des Bretons », sans avoir ensuite à s’excuser, comme cela aurait été le cas si la saillie avait été prononcée à l’intention des habitants de n’importe quelle autre région de France. La réforme territoriale des régions menée sous la présidence de François Hollande n’a pas montré plus de considération pour la Bretagne historique amputée par Pétain. Il serait illusoire de compter sur Manuel Valls pour faire aboutir la promesse du Président concernant les langues régionales (Dans la nuit du 14 au 15 janvier, à l’Assemblée nationale, la proposition de loi du député Paul Molac en faveur des langues régionales a été rejetée à une voix près. Pour ce faire, un artifice du règlement a permis de faire voter des députés socialistes absents, au mépris du rapport de force dans l’hémicycle  favorable à la proposition, du fait des députés présents au moment du vote.)

Au fil du temps, la Bretagne a accepté son rattachement à la France, il lui reste à s’y faire respecter. Il est évident que faute de leader Breton charismatique décidé à prendre en main l’honneur et le destin de la Bretagne, le bulletin de vote ne sera pas suffisant. Il va falloir du courage et de la détermination aux Bretons, pour exprimer leurs frustrations profondes et faire entendre raison à ceux qui prétendent décider de leur destin. Ils leur en faudra également pour s’opposer à ceux qui tentent de les corrompre par une idéologie honteuse.

Les Bretons n’ont pas encore abandonné leur culture de l’honneur dans les oubliettes de l’histoire, mais les idées brunes avancent peu à peu, au rythme d’une exaspération grandissante. La croissance d’un même sentiment de haine chez les criminels islamistes et les partisans d’un nationalisme intégriste, raciste et xénophobe submerge les consciences au rythme de la montée en puissance d’un populisme réducteur . Le courage et l’honneur des Bretons constituent les ferments d’une résistance capable d’endiguer le phénomène en Bretagne. Le combat contre le terrorisme islamiste ne doit pas se confondre avec le rejet des Français musulmans. Le vote pour un Parti politique à l’idéologie raciste et xénophobe ne doit pas se confondre avec le rejet d’une élite politique préoccupée de ses seuls privilèges. Aurions-nous oublié que les Bretons furent confrontés à ce racisme nationaliste, quand ils étaient considérés par l’élite parisienne, comme les derniers sauvages de l’ouest à civiliser ? Avant les instituteurs, le pouvoir parisien envoya quelques généraux à la tête de leurs troupes pour amorcer la « civilisation » par les armes. Au XXème siècle quelques universitaires et observateurs de la société française s’interrogeaient encore sur les causes d’un taux de suicide, chez les jeunes Bretons, plus élevé que dans les autres régions de France. Aujourd’hui, une mission parlementaire étudie les causes du taux de suicides « alarmant » chez les jeunes Amérindiens en Guyane française. L’incapacité des élus à se défaire du nombrilisme parisien qui s’obstine à ignorer la réalité des cultures régionales qui façonnent l’âme des individus au delà des limites de l’Île de France pour les noyer dans un brouet culturel uniformisé, continue à faire des victimes. Les tenants d’une république fédérale française ont été décapités dans les premières année après la Révolution de 1789. Leurs idéaux restent une alternative salutaire au déclin d’une France engluée dans le maquis inextricable de la paperasserie par laquelle s’exprime un système de gouvernance obsolète de type soviétique et aux relents de totalitarisme.

Après avoir été victime de ce racisme culturel qui réduit l’expression de la richesse intellectuelle nationale à un parisianisme suffisant, les Bretons devraient s’intéresser à leur histoire, de manière à accomplir leur devoir citoyen en toute connaissance de cause. Les élites nationales ont failli en privilégiant leurs carrières au détriment d’un véritable projet de société qui tienne compte des plus démunis et des singularités régionales. C’est à l’attention portée aux plus démunis que se mesure la grandeur d’une Nation. Les grandes valeurs sont l’âme de la République née des Lumières et non un espace dans lequel s’égarent les contestataires de l’action conduite par le Gouvernement, comme le prétend Manuel Valls. Madame Taubira s’oppose à la vision du Premier ministre: « Il faut refuser, malgré les intimidations, de capituler intellectuellement« .

Il appartient aux Bretons de se faire enfin respecter, de s’intéresser à leur histoire et d’avoir la volonté de préserver leur langue, un trésor culturel du patrimoine de l’humanité, qui mérite le même intérêt que toutes les autres langues minoritaires protégées par des conventions internationales.

N’est-il pas exemplaire que le verbe « avoir » ait tellement d’importance dans la langue française et que ce verbe n’existe pas dans la langue Bretonne où le verbe « être » prévaut. La langue est le pilier porteur de la structure mentale d’un peuple. Cela explique l’acharnement d’une administration de type soviétique à priver la Bretagne de sa langue pour diluer la population dans une « normalité » disciplinée et sans âme. Il semble que cet objectif ne soit pas encore atteint dans la population bretonne, contrairement aux bons petits soldats qui siègent à l’Assemblée Nationale et au Sénat.

Kan ar Peulvan 29 décembre 2015

Dernière mise à jour le 23 dévembre 2016